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Friday

ebook - livre numérique - critiques - Chaosmos - Christophe Carpentier

Il y a une mode ces derniers temps de livres qui s’appuient sur des données scientifiques objectives pour fabriquer de la fiction, de livres qui mélangent la science à la littérature. Ca peut donner du très bon (le maître de cette forme, Houellebecq, ou ses élèves Bellanger et Bégout), ça peut donner du moins bon (Alexis Jenni). Carpentier serait à classer entre les deux, disons dans la catégorie « faut voir ». Son livre commence de façon brillante, son truc à lui étant la sociologie pure et dure : dans un futur proche, une vague de violence gratuite déferle sur le monde, appelée « Chaosmos », et un sociologue est chargé de tenter d’expliquer (et d’endiguer) ce phénomène. C’est la première partie du livre, la plus fascinante, puisqu’elle s’appuie sur des concepts contemporains vraiment captivants : y a-t-il une violence nécessaire ? vaut-il mieux tuer son enfant ou un inconnu ? Où en sommes-nous aujourd’hui du contrat social rousseauiste de jadis ? Carpentier, jusque là, n’en fait pas trop, obéissant à sa volonté d’instiller de la science dans la fiction, et jonglant en expert entre la narration, la philo et le concept. Certes, c’est froid, mais l’écriture très précise fonctionne. On suit la chose en se disant qu’on touche là à quelque chose de très intelligent, qui arrive à parler de concept sans être un éternel essai un peu chiant.Deuxième partie : le Chaosmos s’est étendu, et le monde est livré à la gabegie. On contiunue d’admirer l’art du contrepoint : foin de la sociologie, place à l’action, et on suit donc le destin de quelques personnages ayant voué leur existence au crime et au chaos ; cannibales, infanticides, violeurs, les actes sont racontés façon épopée (la référence semble être l’Odyssée d’Homère), avec une sorte d’humour glacial qui fonctionne. En tombant dans la narration pure, on perd pourtant un peu au change, et on regrette le fait  que Carpentier ne s’en soit pas tenu à cette (fausse) objectivité des débuts. Tout est raconté ici par un « biographe » assez proche du style gonzo, et l’auteur est moins à l’aise avec le punk qu’avec la rigueur du sociologue. Mais tout de même, on est impressionné par la violence que le gars fait éclater là-dedans, avec un total manque de moralisme qui marque des points. C’est trop long, trop dense, un peu pénible à force (le livre ne fait rien pour se faire aimer, un peu comme American Psycho de Ellis), mais au moins il est audacieux.Et puis patatras : tel l’auteur moyen de SF à la con, Carpentier finit par tomber dans l’ésotérisme pur, et le dernier tiers s’écroule. Le Chaosmos, et son rival l’Amour, deviennent des religions, et on a l’impression du coup d’assister à des chocs d’armées, des guerres des clans, des batailles épiques, et ça tombe des yeux. Le roman s’achève en héroic fantasy, pour tout dire, avec des petits relents de religion, berk. L’écriture, de concrète qu’elle était au début, se fait vaporeuse, lyrique, très ennuyeuse, et on se désintéresse bien vite de ces guerres de concepts aussi allumées qu’un Tolkien sous acide. Le livre était rigoureux, il devient mystique, et on en ressort agacé, avec la pénible impression qu’on nous avait fait des promesses qui n’ont pas été tenues.

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