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Wednesday

ebook - livre numérique - critiques - Des jours que je n"ai pas oubliés - Santiago H. Amigorena

Amigorena est tout triste : sa femme l’a quitté pour un autre. Comme il est un grand écrivain tourmenté, il décide donc de partir pour Venise (Romorantin manquait de panache) en emportant les lettres d’Apollinaire et en adressant à celle qui le trahit des missives énamourées et amères sur l’amour qui s’enfuit, les tableaux de la Renaissance, l’immanence de Rome, l’amour qui fait mal, les enfants et l’amour ce chien de l’enfer. Première réaction : Apollinaire, c’est vraiment beau. Les pages de citation des Lettres à Lou sont des merveilles, qui mettent bien en valeur le minable petit style ronflant d’Amigorena. Parce que deuxième réaction : Amigorena est moins bon qu’Apollinaire. Sous l’égide (l’excuse) du poète, il se croit en droit de nos asséner ses clichés sur son couple en crise, se livrant à une sorte de gémissement constant, impudique, dont on se demande un peu quelle est la finalité. On aurait compris que le gars adresse ces lettres à sa femme, mais pourquoi diable les éditer et nous les donner à lire ? Autant le dire : j’en ai rien à foutre, de la femme d’Amigorena, et je comprends bien que le gars est malheureux, mais pas plus que moi quand Christine est partie le jour de mes 15 ans. J’avais d’ailleurs à peu près les mêmes phrases dans la tête : mélange de grand n’importe quoi (genre « Je t’aime toujours, mon amour, bien que je n’aime qu’aimer t’aimer quand le trouble est trop fort. Aime-moi, et laisse-moi souffrir comme je t’aime »), de poésie adolescente laborieuse et de réflexions sur les sentiments de solitude ou de jalousie qui font hurler de rage. On croirait le livre écrit par un jeune puceau qui découvre l’amour. Autant dire que le plaisir de lire la chose est relatif : non seulement on a l’impression de violer l’intimité d’un couple, non seulement ça ressemble à ces soirées avinées où on sert d’oreille à un pote légèrement bourré qui vient de se faire larguer, mais en plus la littérature en ressort épuisée. On préfère en ricaner, à tout prendre, en imaginant la tête de l’ex-femme quand elle lira ces lignes. Amigorena aurait mieux fait d’exposer ses sous-vêtements : ça aurait eu le même effet esthétique et moral, et ça nous aurait fait gagner du temps.

ebook - livre numérique - critiques - Des jours que je n"ai pas oubliés - Santiago H. Amigorena

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